Par où commencer? J’ai envie d’écrire ici ce soir. Sans raisons et pour toutes les raisons. Moi qui prône le réseautage, et qui crie sur tous les toîts que l’Internet et les blogues sont des lieux sociaux, c’est avec une grande impression de solitude que je suis ici face à vous. Un besoin de solitude, ou un sentiment nostalgique qui m’habite ce soir, je ne sais pas. Je termine un contrat de montage, car je suis retournée à la réalisation indépendante pour des projets culturels après une incursion dans le monde de la télévision comme recherchiste. Comme je suis de retour dans mon bureau-à-la-maison, avec une perspective créative sur les choses et mon travail, je me penche sur des réflexions plus solitaires. Çe me fait du bien.
Mais ce soir je me sens envahie d’un sentiment que je ne peux pas vraiment définir. En ce moment, je me sens dans une période très créative, ou tout est possible. Mais tout cela vient avec un grand vertige, une impression de passer à côté de quelquechose d’indéfinissable. J’ai envie de saisir la vie pour l’embrasser, et lui dire merci pour mes grands bonheurs. Luxe énorme en ces temps où tout va trop vite, je suis couchée sur le dos et j’observe les nuages qui passent. Je pense beaucoup à mon grand-père, décédé il y a presque deux ans maintenant. J’observe le passage du temps sur mon deuil. Et j’observe aussi le passage du temps sur ma vie, mon travail, ma famille, mes amours, mes amis.
Je ne sais pas comment dire, mais je sens des choses ou des gens qui s’éloignent. Des amis dont le regard semble un souvenir perdu entre deux montagnes. Des rires dont l’écho se fait lointain. Une sorte de tristesse me gagne. Mais ces amis ne sont plus ce qu’ils étaient, ils ont changés, et moi aussi. Je dois faire le deuil de ces amitiés qui s’effritent, ne pas m’accrocher aux souvenirs de moments mémorables que nous avons vécus. C’est chose du passé, et je sais que tant d’autres moments m’attendent encore. Mais la trentaine bien amorcée amène une perspective sur l’impression de certaines amitiés immuables. Et je dois être sereine et les laisser s’éloigner. C’est ce qu’ils veulent, semble-t-il.