Toucher l’amour

Je suis sur un nuage. Je suis incandescente. Par le corps, l’esprit, la raison. Je vibre partout en moi et en lui, avec l’incroyable puissance d’une réciprocité sidérante. L’amour naissant est magnifique parce qu’il porte toutes les découvertes et les révélation à l’autre, par l’autre. Mais cet amour là est terriblement serein de force vivre. Je touche ici l’amour des racines, la qualité d’un amour qui lave toutes les blessures d’avant, qui s’ouvre sur toutes les lucidités et les possibles. Je me sens toute tranquille aussi, avec cette certitude et cette confiance en l’autre, cette confiance en ce que nous sommes déjà. Mon expérience de la vie me commande de modérer mes emportements, de voir venir la vie, de me protéger un peu contre mes vieilles erreurs de femme passionnée. Mais j’ai une telle confiance en lui, en nous, que je découvre un sens nouveau au mot certitude. Il résonne ici avec engagement, respect, sérénité. Du solide quoi. Comme si la femme en moi, avec tout ses déploiements féministes, avait trouvé son alter ego mâle, dans toute sa mâlitude et sa compréhension du monde. Je crois que c’est la simplicité, la facilité saine, de nos échanges et de tout entre nous qui nous a renversé. Nous avons été saisi par tout cet écho de nous chez l’autre, de toute cette complétude dans l’autre, de toute cette ouverture et cette écoute mutuelle. Nous avons été frappé par la sensation de venir s’insérer parfaitement dans le parcours de l’autre aussi, au bon moment. Comme si nous étions des fruits, mûrs et chauds de soleil, balafrés de nos intempéries de vies, cueillis au moment parfait. La morsure est délicieuse. L’arbre est plein et généreux. Nous avons l’amour fou, nous avons l’amour raisonnable, et la vie devant nous encore. Je me sens bien, forte, ancrée. Amoureuse et lucide. C’est tellement magique de toucher le bonheur, de se sentir sur la bonne voie. La sienne, la nôtre.

Couturière du multimédia

Ce soir lancement du documentaire dont j’ai fait le montage: Un quartier à livrer, produit par l’ONF. Discussions sur la pauvreté, brassage d’idées, mise au point politique. Montée sur scène, je réalise encore que j’adore les planches et le micro pour diffuser des idées. J’aime sentir la foule, son écoute, ses réflexions, ses rires, ses sourires. Après le film nous allons à la brasserie. Discussions encore. Je parle avec François, habitant du quartier. J’explique mon travail, ma démarche artistique, je parle d’interactivité et de cinéma. Il résume ce qu’il comprends de mon travail: « Dans le fond, tu es comme une couturière qui prends pleins de beaux tissus et un patron, et qui fait toutes sortes de vêtements magnifiques et différents avec le même matériel? ». J’adore. Je suis une couturière du multimédia. Je vais la retenir celle-là. Merci François.